Nous étions huit chez Omar, au Serpent Volant, pour nous retrouver depuis l’assemblée populaire de mardi dernier. Rendez-vous au premier étage du dit bar cette fois-ci, autour d’un verre, détendus, camarades et néanmoins compagnons…
Malgré l’arrivée de l’automne et une impression de passage à vide autour des indignés, un petit vent d’effervescence était là, sur le théâtre-débat prévu le 9 octobre à 15 heures au jardin de la préfecture. Plusieurs d’entre nous vont y jouer. Superbes affiches et tracts, franchement bien ! Une question dessus : « le problème c’est que le front national soit au pouvoir ou que ses idées y soient déjà ? ». Cerise sur le gâteau, Mathieu nous présente sa boîte à tracts, accessoire dernier cri du parfait militant !
Mais l’heure est au bilan du mouvement des indignés tourangeaux, voici ce qui s’est dit :
Constat de départ :
Depuis juillet, le nombre des participants aux assemblées populaires s’est réduit à une dizaine. Un groupe s’est formé, a atteint un certain niveau de maturité et d’autonomie dans ses réflexions et ses actions. Ouvert à l’extérieur, il a appelé à participer, en s’articulant avec les autres mouvements et en diffusant les comptes rendus d’assemblées et d’actions.
Mais il y a un problème, le mouvement sur Tours n’est pas suivi, et nous nous retrouvons avec les mêmes, l’étendue de nos actions et la mobilisation souhaitée se trouvant ainsi limitées.
Questions posées :
- Le terme « Assemblée populaire » commence-t-il à devenir obsolète ?
- S’agirait-il de se retrouver dans d’autres circonstances ?
- Qu’est-ce qu’on veut faire ?
- Le mouvement prendrait-il une autre forme, laquelle ?
- Comment partage-ton nos actions, comment articuler global et local et trouver du sens ? Qu’est-ce qu’on fait une fois qu’on a donné du sens ? Une fois qu’on lance une action ?
Réflexions apportées :
– Ca s’émousse
Il y a un assoupissement des réactions malgré les tensions créées par la crise actuelle, mais ça peut reprendre, et il est nécessaire d’occuper l’espace public, d’être dans l’action politique.
Le constat du mouvement des indignés sur Tours se voit ailleurs aussi, le camp anti Llopsi a moussé aussi, le phénomène n’appartient pas qu’à Tours.
Malgré tout, d’autres réseaux continuent à agir, comme Vélorution, qui mène actuellement des actions en autonomie sur septembre octobre.
– Local VS Global
Dans les difficultés du maintien du mouvement des indignés sur Tours, il y aurait sans doute une rupture entre des positions globales VS locales. Ceux se situant dans une perspective plus globale, menant des actions de sensibilisations sur des thèmes généraux et ceux d’une orientation plus concrète, s’inscrivant sur les difficultés vécues localement, comme les problèmes de logement sur Tours, notamment. Comment articuler les différentes positions ? il serait nécessaire de ne pas tomber dans un mépris réciproque, mais de continuer à créer des moyens d’expression et de convergence, comme l’idée d’un journal, par exemple.
– Analyses globales :
On est dans une situation où ça va craquer, les institutions sont en crise de légitimité, la Grèce est tombée, l’Italie vient de tomber, et en France on patienterait jusqu’aux élections.
En Espagne, la répartition des classes a fonctionné, puis après la crise de la classe moyenne, le schéma de répartition a moins bien fonctionné. Le mouvement des indignés se fissure lui-même, mais il y a malgré tout des portes à ouvrir.
En Grèce, une mesure absurde a été votée, 30 000 fonctionnaires voient leur poste supprimé et ils vont devoir chercher du travail dans la fonction publique, sans quoi ils seront virés s’ils ne trouvent pas dans un an. Les gens vont être imposables à partir de 700 € par mois. Le système par ses mesures absurdes signe sa fin de règne.
Ce dont discute les gens, c’est de la situation, il y a une lucidité, mais qui peut desservir et tomber dans la résignation. Le système tape dans le ventre des gens tant qu’il est mou. Il existe des procédés de Police qui prévoient les réactions suite à des premières interventions, et qui les renforcent encore plus brutalement par la suite.
Orientations :
La situation serait génératrice de dérives sécuritaires importantes, et face à cela, il faut absolument dire, réfléchir autrement, avec un mode de communication, de partage, qui suscite une mobilisation.
Concernant la façon dont les immigrés sont traités en France, comme dans d’autres pays d’Europe, cela pourrait nous faire poser la question d’un nouvel internationalisme, pour ouvrir davantage les frontières sur la base d’une unité et solidarité internationale.
Voir en parallèle de nos envies d’agir sur le logement quelque chose sur la culture au sens large du terme. Il s’agirait d’éviter de faire un énième groupe militant, mais bien d’ouvrir des champs et voir quelles incidences ça pourrait avoir sur la ville.
Partir du concret et interroger ce qu’il y a à faire, proposer des actions politiques, cela permettrait de réduire la peur du vide chez les gens (que peut-on faire d’autres que d’accepter ce que l’on nous propose ?) et de ne pas se résigner. Idée d’action : réfléchir sur la relation entre le FN et la Police. Politique à Tours : pas de vagues
C’est pas le nombre qu’il va falloir chercher, c’est une situation concrète sur laquelle s’appuyer avec des objectifs d’action politique. Il s’agirait aussi de transformer les différents réseaux en actions politiques.
Propositions concrètes :
– Faire un journal :
Un journal, qui traiterait des thèmes concrets, le logement, les arbres, les suppressions d’agences de pôle emploi sur Tours centre… Ces thèmes seraient reliés à une réflexion plus globale sur le système en place.
Et d’autres articles partant de thèmes plus globaux, économiques, sociaux, tels que le sort actuel des sans papiers, etc…
Si nous faisons un journal, cela coûte de l’argent et du temps. Mais on peut en faire un par an, et on aurait du temps, c’est un boulot conséquent, mais il y a aussi d’autres formes d’expression, radio, projection dans la rue…
Se fixer des objectifs à partir des situations que nous vivons, et puis qu’écrit-on ? A qui s’adresse-t-on ? Un discours qui s’adresse à la masse, ça n’est pas la même chose que de partir de sujets vécus concrètement sur Tours. S’adresser à la masse ne serait pas le but.
Il s’agirait de construire un outil, comme un journal, une émission de radio pour réfléchir, se projeter dans l’avenir.
Un journal, cela apporterait plusieurs choses :
- A titre personnel : réfléchir, avec d’autres, construire un objet, et le faire vivre
- Au niveau politique : apporter des éclairages, des perspectives, des champs d’action à ouvrir…
– Agir sur le logement :
Il serait nécessaire d’articuler des problèmes de niveau national, européen, comme les problèmes de logement et de le faire résonner sur Tours. A rendre vivant en faisant des débats, sur ce que vivent concrètement les gens, comment les personnes ont vécu l’abattage des arbres… Avec ces matériaux là, voir ce que nous sommes capables de proposer.
La question serait de ne plus aller à Anatole France, mais à Sanitas, pour partager avec les gens sur leurs problèmes de logement notamment.
Attention si on prend le risque d’aller avec les gens, c’est de s’impliquer, d’agir avec eux devant l’OPAC, la mairie, etc. Cela pose la question de ce que chacun on veut faire, jusqu’où aller dans une action politique.
Attention à ne pas tenir un rôle de sauveur, de quelqu’un qui veut aider, mais d’être là au moment où ce qui est dénoncé se manifeste, et d’apporter un éclairage pour comprendre que c’est un problème, d’amener à voir que l’on ait le jouet d’un système politique qui veut cette situation là. Ca devient de la révolte, et après la question est de savoir comment transformer les amener à transformer leur révolte en révolution.
Pour beaucoup de gens au Sanitas, par exemple, face aux menaces d’expulsions, et à la pauvreté, l’espoir est de passer entre les gouttes, ils ne pensent pas que l’expulsion soit possible. Ce qui les anime, c’est leur survie, ils s’appuient sur les minimas, pour espérer tenir, et l’Etat les conforte dans une position d’asservissement face à ces minimas, il s’agit d’un système pervers.
Une comparaison osée : dans la communauté juive dans les années 40, il y a eu des notables juifs qui ont participé au fichage eux-mêmes, en se disant l’Etat nous protégera toujours…
Si on remet en question la propriété privée, pour aller plus loin, il serait nécessaire d’aller sur des questions de gratuité du logement, comment on gère les parties communes, etc.
Sanitas on a déjà des jalons (DAL, Vélorution…) on pourrait répertorier les apparts vides, on communique avec le DAL. On pourrait aussi alerter les autres voisins lorsqu’il y a des expulsions, pour créer une solidarité. Un réseau d’échanges réciproques de savoirs se créerait sur Tours, ce serait également l’occasion de partager dans ce réseau sur l’expulsion, le droit au logement…
– Une cantine révolutionnaire
Pour faire converger des forces, il faudrait construire un espace où on peut associer des envies d’action, de réflexion, d’ouvrir un lieu militant et partager notamment autour d’un certain plaisir : la bouffe. Ouvrir une cantine révolutionnaire, reprendre la notion d’auberge (au sens historique du mot : une table unique, un plat unique, tu manges ce qu’on te propose, avec des gens que tu connais pas, avec débats, concerts, dans un quartier.)
Prochaine fois, lundi 26 septembre au Serpent Volant à 19h30 :
Investigation des logements vides à Sanitas
Réfléchir sur des thèmes autour du logement
Commencer à mettre en commun autour de l’idée d’un journal
Préparer une action autour de la manifestation internationale le 15 octobre et le forum social des marcheurs devant Bruxelles le 8 octobre.